Nous avons récemment interviewé Samuel Sadoun, CEO de la startup Le Styliste, qui a créé un assistant conversationnel qui conseille les consommateurs et les accompagne dans leurs achats en ligne en leur proposant des recommandations stylistiques adaptées à leur profil. Une nouvelle manière de consommer sur internet et un nouveau canal pour les marques du e-commerce.
Sommaire
- Présentation de l’entreprise
- Genèse de l’idée
- Utilisateurs et partenaires
- L’évolution de l’assistant
- Chiffres clés et perspectives futures
Présentation de l’entreprise
Le Styliste est l’assistant conversationnel lancé en 2017 par la start-up du même nom. Le but de cet assistant est d’aider et conseiller ses utilisateurs dans leurs choix stylistiques ainsi que de faciliter leurs recherches et leurs achats vestimentaires via la plateforme Messenger de Facebook. Le Styliste est à la fois un assistant conversationnel, un conseiller, et surtout un styliste digital accessible à tous, partout, tout le temps, et adapté à chacun grâce à son intelligence artificielle (basée sur des algorithmes de recommandation) : une initiative fortement liée aux changements du secteur du retail.
Genèse de l’idée
A l’origine, Le Styliste fut créé pour servir aux créateurs sur un constat simple, la difficulté de faire des achats vestimentaires sur internet. L’abondance de sites rend le choix des consommateurs plus compliqué et c’est ainsi qu’a émergé l’idée de proposer un assistant permettant de recommander aux utilisateurs une série d’articles adaptés à leur style et à leurs envies.
Il est vite apparu que ce marché de niche (les créateurs) était plus compliqué qu’il n’y paraissait, conduisant dès lors Samuel à faire pivoter le business model. L’opportunité fut donc de développer Le Styliste à plus grande échelle en le proposant à toutes les marques. En 2018, Le Styliste s’est donc ouvert à un public plus large.
A retenir
« Le service est le futur du e-commerce »
En effet, les consommateurs sont de plus en plus demandeurs de services de qualité, non seulement en boutiques, mais également sur internet, que ce soit le service après-vente ou la disponibilité de l’équipe pour des questions ou des réclamations.
L’ambition pour l’équipe du Styliste est de proposer une nouvelle façon de consommer et de shopper en intégrant plus de « chaleur dans le e-commerce via le dialogue ». L’accès à l’assistant Le Styliste se faisant par Messenger, l’accès en est facilité (inutile de télécharger une énième application mobile), ce qui abaisse les freins pour les utilisateurs. Messenger permet en outre aux utilisateurs de converser avec Le Styliste comme ils le feraient avec leurs amis.
Utilisateurs et partenaires
Le Styliste n’est pas seulement un robot, une intelligence artificielle qui génère des propositions stylistiques en accord avec les envies de son utilisateur, mais se veut être un compagnon de shopping. Il est supervisé par l’équipe de la start-up, surtout lors des premiers échanges entre l’utilisateur et l’assistant, afin d’assurer un échange fluide et adapté au nouvel utilisateur. L’assistant conversationnel est non seulement adapté, mais également supervisé chaque jour par l’équipe du Styliste. En effet, Samuel Sadoun est conscient du fait que tout ne peut pas être automatisé, et précise également que la mode étant un secteur très subjectif et personnel, il n’est pas toujours idéal de laisser le robot faire seul des propositions aux utilisateurs, notamment au début de la prise de contact avec un nouvel utilisateur (c’est ce que l’on appelle le problème de “cold start” dans le jargon des algorithmes). Il faut donc continuellement ajuster l’algorithme et l’aider dans certains cas à faire des suggestions justes grâce à des règles métier (“business rules”).
Indépendamment de leur style et de leur budget, qui est défini dans les premiers échanges avec Le Styliste, l’algorithme propose aux utilisateurs des articles de différentes marques, affichées sur des plateformes différentes. En ajoutant de la diversité aux propositions et en n’enfermant pas l’utilisateur dans l’univers d’un seul vendeur, l’ambition est de créer un sentiment de confiance.
70% des clients étant des Millenials (et c’est là une des raisons du succès de la start-up auprès des marques). Le Styliste adopte donc les codes propres à cette génération. L’assistant virtuel les tutoie, agrémente les messages d’emojis, bref, suit le style conversationnel de ce segment de la population qui est tant courtisé par les entreprises.
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Les marques et sites proposés se diversifient désormais. Actuellement l’offre couverte par Le Styliste regroupe 60 marques et marketplaces et près de 250 000 produits. L’intérêt est de proposer aux utilisateurs différentes options et leur permettre de découvrir de nouvelles marques ou de nouveaux retailers qui pourraient leur plaire, et de ne pas privilégier seulement celles ou ceux qui payent pour être mis en avant.
L’intérêt pour des marques clientes comme Asos réside dans le fait que Le Styliste est perçu comme un influenceur puisqu’il recommande des marques et des articles en toute objectivité. L’assistant conversationnel fait donc non seulement office de lien entre la marque et le consommateur, mais représente également un outil marketing pour les marques et les sites de vente de vêtements. En effet, l’interface entraîne plus de clics et d’achats que lorsque des consommateurs se rendent directement sur les sites en question, car elle se positionne comme un conseiller plutôt qu’un vendeur. C’est donc un nouveau canal de vente qui s’ouvre pour les marques.
L’évolution de l’assistant
Devenu rapidement viral, Le Styliste a vu son nombre d’utilisateurs passer de 20 000 à 60 000 durant les 3 derniers mois, avec des pics de conversation pouvant aller jusqu’à 3 millions de messages échangés. En février 2019, le serveur a subi une forte montée en charge et l’équipe du Styliste, et victime de son succès, a dû freiner sa communication pour ne pas attirer encore plus d’utilisateurs. Aux dires de Samuel Sadoun, le code de l’algorithme doit être revu pour permettre des montées en charge et servir toujours plus d’utilisateurs.
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La refonte de l’architecture de l’algorithme est donc une priorité sur la roadmap de la start-up. Cette adaptation devra également intégrer l’amélioration et la diversification des suggestions faites par Le Styliste aux utilisateurs sur la base de nouvelles marques (en algorithmie cela correspond donc au critère d’exploration qui se fait au détriment de la précision). Le problème de “cold start” est également au programme des améliorations, puisque les utilisateurs ont besoin de suggestions non seulement pertinentes, mais également rapides dès la première utilisation. Il s’agira donc de définir les bonnes questions qui devront être posées lors de la première discussion entre l’utilisateur et l’algorithme afin de pouvoir faire les recommandations les plus justes possibles.
Comment l’algorithme peut-il proposer des suggestions pertinentes rapidement ?
- En ayant connaissance des informations importantes dès le début (budget, tailles, pointures…)
- En recevant le feedback de l’utilisateur concernant les articles proposés (ce qui correspond à un feedback explicite)
- En analysant les clics et achats de l’utilisateur (feedback implicite)
- En catégorisant les marques, articles, et comportements des utilisateurs
Chiffres clés et perspectives futures
Le Styliste :
- 60 000 utilisateurs
- 3 millions de messages échangés
- 30% des utilisateurs reviennent tous les mois
- Panier moyen de 60€ (15% de plus que via les plateformes plus classiques du e-commerce)
2019 :
- Améliorer l’algorithme (nouvelle version disponible mi-avril 2019)
- Intégrer la reconnaissance faciale
- Inclure l’outil dans la vie courante
2020 :
- Amélioration de la maîtrise du deep learning
- Proposer l’assistant Le Styliste à tous, même en-dehors de Messenger
- Développer l’outil sur de nouveaux marchés géographiques
L’équipe est actuellement composée de 13 personnes. L’objectif pour 2020 est de doubler l’effectif avec des profils techniques.
Publié dans Innovation.