Il y a peu de sujets en entrepreneuriat qui sont l’objet d’autant de discussions contradictoires que le taux d’échec des nouvelles entreprises (ce que nous appelons généralement les « start-up »). Voici la vérité sur ce sujet hautement controversé.
Vous avez tous entendu parler de statistiques alarmantes : 50 % des start-ups mourraient dans les 2 ans voire 1 an suivant leur création, 75 % dans les 7 ans, etc … Dans le même temps certaines personnes affirment avec force que ces chiffres sont totalement faux et ne méritent aucun crédit. J’ai entendu dire que seulement 10% des start-up échouaient la première année et que plus de 50 % survivaient au-delà de 7 ans. Vous serez sans doute d’accord avec moi pour reconnaître qu’il y a un grand écart entre ces deux extrêmes.
Lors de leur présentation donnée à la conférence RENT XXVII à Vilnius, Matthijs Hammer et Nabil Khalil nous ont éclairés sur les origines de ces différences. Ils ont utilisé les statistiques officielles de plusieurs pays pour comprendre ce qui se cachait derrière les échecs des entreprises.
Les statistiques varient en fonction des pays
Les statistiques officielles sont les suivantes (gardez-les à l’esprit la prochaine fois que quelqu’un vous parlera de l’échec des start-ups) :
- Canada : 60 % de taux d’échec dans les 5 premières années. Source: Statistique Canada (PALE)
- France : 49,5 % de taux d’échec dans les 5 premières années. Source : Insee
- Tunisie : 39 % de taux d’échec dans les 2 premières années. Source : BTS (Banque Tunisienne de Solidarité)
- Les Pays-Bas : 50 % de taux d’échec dans les 5 premières années. Source : CBS (Statistics Netherlands)
- Etats-Unis : 50 % de taux d’échec dans les 4 premières années. Source : US Census Bureau (BITS)
La première chose que vous pouvez voir est que la période de référence est différente. Elle varie entre 2 ans (Tunisie) et 5 ans (France, Canada, Pays-Bas).
La définition de l’échec varie selon les pays
La deuxième chose que Nabil et Matthijs ont bien expliquée est que la définition même d’échec varie d’un pays à l’autre. Les formes que revêt ce concept sont très variées : faillite, fermeture, sortie, insolvabilité, discontinuité dans l’activité, etc …
Conclusion
A la lecture de ce qui précède vous comprendrez que les différences dans les statistiques proviennent de la période de référence et de la définition même du terme « échec ». La faillite ne souffre évidemment aucune discussion dans la mesure où elle symbolise le paroxysme de l’échec, sa forme la plus aiguë. Pourtant la plupart des entreprises ne s’éteignent pas à la suite d’une faillite. Les entreprises peuvent être reprises, arrêtées tout simplement parce que la personne ayant créé l’entreprise ne trouve pas de repreneur (ce qui va être un énorme problème dans les années à venir avec la génération des baby-boomers qui arrivent à la retraite), les entreprises unipersonnelles peuvent être fermés parce que l’entrepreneur est malade, ne souhaite plus continuer, a trouvé une meilleure opportunité… Les scénarii sont sans fin.
Mais dans l’ensemble ce que vous pouvez constater c’est que dans les 5 années suivant la création les chiffres se rejoignent peu ou prou. Tout semble converger vers un chiffre de 50%. Tout en gardant toutes les nuances ci-dessus en tête, il n’est dès lors pas faux d’affirmer que 50 % des start-up cessent leur activité dans les 5 premières années de leur existence.
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